I'll leave you - ft. Upsilone

La louve était teintée de noir et de marron tandis que ses crocs et son museau eux étaient blancs, le contraste était des plus charmants. Acérés, vous firent quelques pas en arrière, qu'étaient-ce donc ces manières d’accueillir l'étranger ? Jamais vous ne l'auriez fait, vous. Votre mouvement de recul avait cessé, pourquoi ? Parce que ses lames s'étaient rangées mais aussi parce que l'eau vous avait l'air plus profonde à l'arrière. Vous étiez drôle, petite dame grisâtre, a pester ainsi contre ce qui pouvait détruire votre jolie silhouette, ou tout du moins, la rendre moins jolie. Elle vous avait dit bonjour, la noiraude. Vous vous empressâtes de répondre, pour ne pas paraître, à votre tour, impolie. Qu'est-ce que vous détestiez l'impolitesse, que c'était laid de pestiférer des mots sans poésie !

" Je vous salue aussi."

Elle était assise l'autre demoiselle, vous la regardiez de vos petites perles grises et incliniez la tête en signe de salutation. Elle s'ébrouait, quelques gouttes vinrent titiller la clarté de votre gracieuse robe. Vous fîtes la grimace mais la cessâtes bien vite, il ne fallait pas que vous passiez pour une rabat-joie.

" Je me présente, je me nomme Upsilone. Je viens des terres là bas, non loin. C'est ici que je me suis réveillée il y a quelques jours. Et je suis assez embarrassée mais j'ai bien l'impression que c'est ici que je suis née puisque des souvenirs, je n'en ai plus. "

Vous vous égariez, encore. Votre tête se secoua, vous continuâtes :

" Je suis enchantée de vous rencontrer, et là est bien le principal. "

Elle avait l'air surprise, l'acolyte. Vous ne saviez pas d'où venait l'air amusé qui se dessinait sur le visage fin de l'inconnue. Comme d'habitude vous ne saviez rien et ne vous doutiez de rien, néanmoins c'est bien de vous qu'elle riait, la camarade. Elle vous déclina son identité tout en se rapprochant. Alors elle s'appelait Circael, ça sonnait bien, vous aimiez bien. Mais alors que vous pensiez lui avoir tout dit, peut-être même trop dit, elle vous demanda votre nom. Ne vous avez-t-elle pas écouté ? Vous vous racliez la gorge, embêtée de ne pas avoir été entendue la première fois :

" Je m'appelle Upsilone, il me semblait pourtant vous l'avoir déjà dit... J'ai peut-être parlé trop vite, ou bien ma mémoire me joue des tours. Passons, vous avez un joli prénom. "

Ses yeux ambrés dévoraient la froideur de tes yeux pâles. Elle était étrange, l'autre louve. Elle paraissait distraite. Vous remuiez votre queue de frustration tout en gardant votre symbolique politesse. La mine chaleureuse et les oreilles levées, vous n'attendiez qu'à pouvoir l'écouter.

Votre acolyte portait sur vous un regard étrange, vous n’en aviez vu nul autre pareil à celui-ci. Elle vous complimenta, la jolie brune, vous vous empêchiez de rougir. Vous aviez une astuce, pour ce genre de situation, vous pensiez à Garry l’escargot. Il suffisait de vous concentrer, d’imaginer le petit mollusque glisser sur une feuille de chêne, lentement, patiemment, doucement… trèèès doucement. Et hop, vous ne rougissiez plus. Quoi de plus simple. La demoiselle balançait sa queue, de coté en coté, vous l’aviez fixée quelques instants avant de détourner le regard pour vous évitez un mal de crâne. Vous vous étiez assise, prête a raconter votre histoire, et par la même occasion, répondre à sa question :

« Je me rappelle avoir croisé un papillon, je me rappelle aussi avoir vu des loups, plusieurs loups, mais je n’arrive pas à me souvenir de leur identité. Je ne pourrais même pas dire si il m’était familier ou non.. Puis… des tremblements.. Oui il me semble qu’il y eu des tremblements .. Et non ensuite plus rien. Me voilà ici, et vous voilà ici aussi. »

Vous la regardiez de vos grands yeux gris, la mine grave, vous aimiez conter les histoires en leur donnant un ton particulier, une certaine émotion.

Elle n’avait pas soutenu votre regard, la demoiselle. Alors, vous aviez fait de même et vous aviez tourné la tête, vexée. Il y avait comme une étendue nuageuse qui semblait s’être assoupie, au-dessus de l’eau. Le coton était de plusieurs couleurs, du bleu au rose en passant par le violet, vous admiriez la palette qui se mettait à danser. Elle aussi ne semblait pas vouloir toucher l’étrange liquide. Encore une goutte, une deuxième, l’acolyte s’était ébrouée une seconde fois. Vous vous demandiez si elle le faisait exprès, avait-elle remarqué que votre pelage, vous y teniez ? Elle prit finalement la parole, la jolie brune :

« J'ai sensiblement la même histoire, et nous voilà, ici, toutes les deux, seules.»

Elle posait sur vous des yeux délicats, intriguée vous plissiez les vôtres. Vous aviez lancé un rapide coup d’œil à droite, puis à gauche. Oui, vous étiez bel et bien seules. Le silence qui s’installait autour de vous rendait l’endroit un peu plus intime. Quelles étaient les intentions de votre camarade à présent ? Que voulait-elle de vous ? Votre queue était assez basse, d’un naturel soumis, vous n’étiez pas provocante.

"Au delà des limites, au delà de ce que je sais être bon pour moi
Je me glisse dans un état d’attente et de folie
La folie qui me guette et me pointe du doigt
Comme si elle leur disait à tous, la voilà, celle qui sera parmi nous
Parmi eux qui ne voient que le pire à l’intérieur de moi
Obsession, folie, détresse, peur, désir, envie
Envie de toi? Vraiment de toi? Je n’y crois pas"

Vous chuchotiez cette comptine qui ne venait pas de vous, elle était comme un hymne passé. De qui venez-t-il ? Vous n'en saviez rien, mais c'était un joli chant qui alliait douceur et sensualité.