Uncontrollable fires - Ft. Amaterasu

Circael avait marché, ou plutôt, s'était perdue, jusqu'ici. Elle en avait marre de tous ces loups, cette masse grouillante d'âmes perdues l'oppressait et la stressait. Et le stress avait tant monté qu'elle avait eu le début d'une de ses nombreuses absences. Alors, elle était partie, tremblante et luttant pour garder le contrôle d'elle-même, sans grand succès. La face noire de son âme reprenait le dessus avec rapidité et elle s'était effondrée au pied de la falaise, presque inconsciente. Son regard vide divaguait sur les rochers, elle ne comprenait pas ce qu'il se passait ici, pourquoi ces rochers bougeaient ?

Elle se décida après un petit moment, elle allait monter sur les rochers. Circael se releva donc avec difficulté, l'esprit toujours embrouillé après son intense crise. Effectivement, c'était la première depuis qu'elle était ici. En avait-elle déjà eu auparavant ? Elle ne se souvenait plus, comme elle ne se souvenait de rien. Titubante, elle bondit sur le premier rocher. Il ne lui semblait pas très stable, mais peut-être que c'était elle qui tremblait. Elle ne s'était pas très bien réceptionnée et sa patte avant gauche lui faisait un peu mal. Elle continua tout de même son dangereux périple, toujours inconsciente du danger. Elle bondit donc, mais pas assez loin. Ses pattes avant touchèrent le rocher et crissèrent dessus tandis que ses pattes arrières pédalaient dans le vide pour tenter de se rattraper, sans succès. Pourtant, elle faisait tout pour remonter sur le sommet de la roche sans succès.

Son coeur accélérait, l'odeur de sa peur devait bien se percevoir. Sa phobie de la mort refaisait surface, sa respiration, saccadée, accélérait elle aussi. Incapable de remonter à cause de sa patte déjà blessée, elle poussa un hurlement à déchirer les tympans, peut-être que quelqu'un se trouvait non loin d'ici ? Sa crise était maintenant totalement passée et elle avait l'esprit tout à fait clair désormais. Elle savait qu'elle était en danger et qu'elle pouvait mourir. Mais ne plus bouger et s'accrocher à la vie était la meilleure chose à faire. Alors, elle attendit, se fatiguant peu à peu, elle n'allait pas tarder à lâcher..

Uncontrollable fires.

Le vent venait épouser les formes séductrices du visage d’Amaterasu, il foulait ces terres inconnues avec rapidité et efficacité, à la recherche de gibier. Tel un éclair de feu, il semblait ne jamais se fatiguer. Mais, il avait beau faire plusieurs fois le tour du territoire qu’il avait trouvé, il ne trouvait aucune proie pour satisfaire son estomac. Le jeune semblait brûler d’impatience, il ne pouvait plus s’arrêter de bouger. Il avait réussi à se sortir de l’esprit son ami qu’il cherchait en vain. Il ne pensait plus qu’à se rassasier. Il avait croisé deux trois loups, par-ci par-là, mais aucun ne lui semblait digne de confiance… Dans ce monde, le rouquin est plus seul que jamais, il doit se débrouiller par lui même, c’est un loup solitaire à présent. Dans un élan de courage, il se remit à courir dans une direction vers laquelle il n’avait pas encore été. Il ne trouva aucun gibier, aucun loup, aucun chemin, mais un endroit à la beauté aussi ravissante qu’effrayante. Il se surprenait lui même à éprouver cette peur au fond de lui, sa fierté en prenait un coup, mais il ne pouvait qu’admettre qu’avoir perdu ses souvenirs et avoir été emmené ici sans savoir pourquoi, ça lui faisait peur. Mais, étrangement, il éprouvait en ce moment un sentiment de liberté qu’il savait, malheureusement, éphémère… Car la triste réalité le rattrapa et l’enferma une nouvelle fois dans cette cage qu’il avait fini par appeler « Terreur ». Et malgré toute la beauté de ce monde, malgré que le ciel soit aussi bleu que l’océan, que les terres soient fertiles, que le gibier soit présent et que d’autres loups peuplent cette nouvelle « Terre », il y avait toujours cette atmosphère si déplaisante, si malsaine, qui mettait Amaterasu mal à l’aise, il n’arrivait pas à se sentir chez lui, ici. Sûrement parce qu’il lui manquait quelqu’un. Alors, il tentait de se rassurer en se disant que cela changera quand il trouvera l’être qui lui manque tant, mais pour l’instant, il n’en est rien.

A force de suivre le chemin vers lequel le menait le vent, il arriva à un endroit bien étrange. Des pierres bougeaient seules, enfin, plutôt des rochers. Ils pouvaient s’apparenter à de grandes plate-formes rocailleuse. Doucement, le mâle roux mit une patte devant l’autre, sans vraiment réfléchir. Il sentit alors la roche bouger sous ses pattes, surpris, il recula d’un grand bond en arrière. Puis, il retenta sa chance et cette fois continua d’avancer. Mais, alors qu’il avançait tranquillement sur ce parcours d’obstacles mortel, un cris perçant vient le faire sursauter, un hurlement de loup venait de se faire entendre à des kilomètres à la ronde. Sans plus réfléchir, il s’avança tête baissée vers l’endroit d’où provenait le son. L’angoisse s’était clairement fait entendre dans le gémissement qu’avait poussé l’animal. Inconscient du danger, le rouquin s’était lancé droit dans la gueule du loup et avait fini par trouver d’où provenait le cris qu’il avait entendu. Il fixa un moment la louve qui tentait de monter sur la plate-forme, ses yeux écarlates se perdirent pendant une demie-seconde dans ceux de la louve. Naïf, il ne voyait rien de plus qu’une jeune en détresse, il ne pouvait pas la laisser ici, même si il voyait au fond des prunelles de la femelle une sorte d’obscurité… Le beau loup tenta de la rassurer d’un mouvement de tête et poussa un grognement encourageant avant de plonger le museau en avant, vers le vide, pour attraper par la peau du cou la noiraude. Ses crocs se refermèrent sur sa tendre peau, il remonta doucement mais avec force la femelle vers le haut, quand elle put toucher de ses quatre pattes le sol, il la lâcha et vérifia d’un rapide coup d’oeil qu’elle n’avait pas de blessure apparente. Il tenta d’afficher un sourire qui se voulait réconfortant. Mais, il n’eut pas le temps de dire quoique ce sois, les grands rochers bougeaient encore. De sa voix forte mais douce, il lui ordonna :

« Viens, c’est trop dangereux ici, il ne vaut mieux pas rester plus longtemps ! »

D’un geste d’une douceur sans pareille, il posa sa queue sur l’épaule de la femelle et l’accompagna en l’aidant à marcher jusqu’à un endroit sûr. Amaterasu fixait la créature, un regard inquiet, que faisait-elle ici ? Elle semblait perdue, son regard était vide… Elle était recouverte de l’odeur abominable de la peur, elle a dû être terrifiée pour avoir l’air si… Vide. Son corps était fin, un beau pelage, de beaux yeux, un museau long, une silhouette affinée et élégante. La représentation parfaite d’une jeune louve. Son pelage sombre était le contraire parfait de la robe du rouquin. C’était le soleil et la lune. Amaterasu était un incendie sur patte, le regard injecté de sang, les poils flamboyants, la carrure massive, tout dans la force brute. Elle, elle semblait plus douce, assez réservée, pleine de secrets sûrement… Ce n’était qu’une déduction, peut-être se trompait-il. Dans tous les cas, elle était hors de danger, heureusement. La poitrine du lupin se soulevait lourdement, il était encore essoufflé de sa course dans les plaines et ce sauvetage express fut pour le moins déstabilisant. Il ne se savait pas aussi héroïque… Voyant qu’elle ne semblait pas très en forme et qu’elle semblait assez perdue, il s’approcha doucement d’elle et posa sa queue sur son épaule, pour avoir un contact. Il sourit avec toute la sincérité qu’il pouvait avoir et rigola, d’une voix bien moins ferme qu’auparavant :

« On a frôlé la catastrophe dis donc ! J’mappelle Amaterasu et toi ? Quel est ton nom et que fais-tu ici ? »

Son museau se fronça pour exprimer sa curiosité, tandis que sa queue se retirait lentement de son épaule pour venir s’enrouler autour des pattes du loup. Cette louve était assez élégante… Elle était à son goût et puis elle ne semblait pas méchante ! Cependant, il brisa tout de même le contact qui s’était créer entre eux, par méfiance. Sait-on jamais… Il espère juste qu’elle n’est pas du genre à le contrarier…

ft. Circael.

Circael se fatiguait peu, ses muscles tétanisaient sous l'intense effort que lui demandait de rester accrochée. Ses oreilles captèrent bien vite le bruit d'une cavalcade, quelqu'un l'avait entendue ! Son odeur lui parvint au moment où elle voyait une silhouette de feu se pencher vers elle. Leur regard se croisèrent, un de feu, incandescent et le sien caramel, à l'air vide et sans vie. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, il était d'une beauté admirable, un peu plus jeune que lui, avec ses yeux rouges vifs. Qui était-il, son sauveur apparemment. Il l'attrapa par la peau du coup, elle émit simplement un petit couinement tandis qu'il la remontait lentement. Ses pattes pédalèrent de nouveau et elle sentit de nouveau le sol sous ses pattes. La queue entre ses pattes arrières, elle tremblait de peur. Elle obtempéra aux ordres du grand mâle roux et elle le suivit, rassurée par son contact. Une fois en sécurité, elle fixa le loup, toute trace de sa crise passée.

Elle détailla le grand mâle, il était d'une beauté inouïe. Un pelage roux, clair par endroit et sombre à d'autres. Il semble très musclé, mais il a toujours un ensemble élégant. Sa mâchoire est puissante, les crocs qui en dépassent sont d'une blancheur immaculée. Et puis ses yeux, ils sont rouges vifs, d'une beauté et d'une attirance sans pareil. Elle est attirée par le grand mâle du nom d'Amaterasu. Est-ce une flamme qui pointe le bout de son nez dans son coeur ? Elle était élégante, fine, bien proportionnée, elle avait tout d'une princesse, mais elle n'en était pas une finalement ?

La lupine fut aussitôt rassurée par le contact du loup, un petit frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Elle le regarda, sincère. «Moi c'est Circael, lui dit-elle avec un petit sourire, toujours un peu choquée à cause de sa presque chute. Je ne sais pas, je.. je ne m'en souviens plus.» Un des symptômes de ses crises était de ne plus se souvenir de rien pendant sa période de démence. Elle aimait déjà ses mimiques, son nez qui se fronce quand il réfléchit, son allure assurée. Il est aussi à son goût, très beau. Elle fut déçue quand il retira son contact plutôt agréable et ça se vit sur son visage, cette petite marque de déception. Elle lui adressa tout de même un petit sourire, elle lui en devait une, elle était reconnaissante de ce qu'il avait fait pour elle, elle ne pourrait pas l'oublier, certainement pas. «Merci de m'avoir aidée, lui souffla-t-elle.»