I'll be good (libre)

Tu t’étais éloignée du Mont Lunaire peu de temps après ton réveil par soucis de sécurité. Certains lupins à leurs réveils étaient devenus agressifs, sans doute terrifiés de s’éveiller dépourvus de tout souvenirs, et tu avais trouvé préférable de t’écarter de cette agitation, même si cela signifiait que tu devais à présent errer seule sur ces terres inconnues. L’optique de s’aventurer sur ce territoires hostiles ne t’enchantait pas vraiment, mais il fallait bien commencer quelque part, surtout si tu devais rester ici à jamais.

Tu avais donc erré pendant quelques temps, avançant là où ton esprit te guidait, et évitant les coins les plus effrayants. Cet endroit ne ressemblait en rien à la Terre de ce dont tu te souvenais, et on ne savait pas quelles créatures vivaient dans les environs. Après de longues minutes de marche, qui t’avaient semblé durer un millénaire, tu arrivas près de ce qui te semblait être une source d’eau, et tu t’approchas prudemment. L’endroit semblait désert, et partout où ton regard se posait tu rencontrais un fin voile blanc aux teintes violacées, qui ondulait dans l’air et ne semblait jamais disparaître. Même si l’endroit était compliqué à observer à cause du manque de visibilité, le lac apportait quelque chose d’étrangement réconfortant au paysage, et tu t’approchas du bassin pour prendre quelques lapées du liquide limpide. Tu restais fatiguée de cet étrange voyage qui vous avait amené ici, et ton épaule te tiraillait, barrée d’une balafre, certes peu profonde, mais dont l’aspect vif et récent ne te disait rien de bon. Peut-être serait-il préférable de nettoyer la plaie, avant qu’elle ne s’infecte. Quelque peu réticente, tu t’avança dans l’eau froide, jusqu’à ce que que ton dos soit immergé, et tu restas quelques instants immobile dans le lac, les yeux fermés. La sensation du liquide qui venait lécher tes flancs et berçait ton corps dans un doux mouvement avait réussi à te détendre, et tu te laissas quelques instants à rêvasser. La situation aurait pu être bien pire. Tu n’étais pas gravement blessée, et pour le moment tu n’avais rien rencontré de dangereux et qui sortait de l’ordinaire.

Alors que tu écoutais paisiblement le battement régulier de ton cœur, une étrange sensation te parcourut, et tu sentis un tremblement déchirer ton échine. Tes yeux s’ouvrirent automatiquement et ton regard coula autour de toi, même si tu ne trouvas que de la brume. C’était comme si quelqu’un t’observait, tapis derrière ce tapis éphémère. Tu sortis rapidement de l’eau, dégoulinante de ta baignade, et leva ton nez dans les airs, espérant réussir à percevoir la fragrance de quelqu’un.

Ton cœur s’emballe, tes sens s’affolent, et ton regard ambré commence à danser avec de plus ne plus d’affolement, avant d’enfin rencontrer à travers la brume les contours d’un corps musculeux. Bientôt la silhouette devient plus nette, et un loup strié de sombre t’apparaît à travers les quelques mèches brumeuses qui s’attardent. Il n’a pas l’air agressif. Non il est même un peu trop serein, ainsi dressé face à elle, cette grimace accueillante barrant ses babines. A croire qu’ils ne venaient pas d’arriver ici, à croire qu’ils se souvenaient de tous. C’était bien trop beau, bien trop rassurant pour être vrai, et tous les agneaux cachaient des loups.

Tu promenas un regard perplexe sur le nouveau venu, avant de hausser les sourcils interrogatrice. Voyant qu’il n’esquissait pas un mouvement pour t’adresser la parole, tu soufflas légèrement avant de parler, « Bonjour ? Vous m’avez fait une de ces peur tout à l’heure ! », jouer les stupide, les naïves, et se préparer à courir, très vite si jamais il entamait le moindre mouvement suspect. Les tueurs devaient arpenter ces terres, et qui savait quel taré pouvait se cacher derrière ce grand sourire sympathique.

Secouant ta fourrure trempée, tu offris à ton tours un sourire étincelant à l’inconnu, feignant une fausse nonchalance, avant de glisser ton regard autour de vous. Il était seul d’après ce que tu pouvais constater, ce qui était un bon point, s’il attaquait tu aurais plus de chance de t’en sortir. Passant ta langue rose sur tes babines pour récupérer une gouttelette égarée qui venait couler sur ton museau, tu cachas ton léger malaise derrière sourire, avant de reprendre la parole, après tout, peut-être que lui parler pourrait le distraire s’il venait avec de mauvaises intentions, et s’il n’était qu’un imbécile de passage ça ne faisait pas une grande différence, « Je suis Bruma. »